Menu Fermer

La catastrophe de Fourvière

L’effondrement des collines de Lyon est quelque chose d’habituel dans l’histoire de la ville (cela s’était déjà produit en 840 et en 1795). La structure même de la colline de Fourvière est l’un des facteurs, tout comme son important dénivelé, ainsi que son occupation intense depuis deux-mille ans. Elle est en effet trouée, remblayée, et alourdie par toutes ces activités humaines.

La catastrophe du 13 novembre 1930 s’est déroulée sur la montée du Chemin Neuf et la rue Tramassac. À cet endroit s’enchaînaient deux rues parallèles qui ont été balayées par l’effondrement d’un mur de soutènement. Les bâtiments ont été emportés par la terre et les cailloux, jusqu’en contrebas.

Des signes avant-coureurs ont annoncé la catastrophe (ruissellement d’eau anormal remarqué montée du Chemin-Neuf ; crevasses dans le pré au-dessus du mur de soutènement ; affaissements sur les terrasses à l’hôpital des Chazeaux situé juste au-dessus de la montée du Chemin Neuf…) Et si des mesures ont été prises par l’ingénieur en chef de la ville de Lyon, M. Chalumeau, telles que l’interdiction des véhicules lourds sur la montée du Chemin Neuf et l’évacuation de certains bâtiments ; la catastrophe n’a pas pu être évitée. Le 12 novembre, des ouvriers ont été affectés à la consolidation du mur de soutènement, mais le travail s’est arrêté avec la nuit, quelques heures avant la catastrophe.

Les terres situées entre l’hôpital des Chazeaux et la montée du Chemin Neuf (des jardins remblayés et gorgés d’eau par les fortes pluies de l’automne) s’effondrent vers 1 h du matin, entraînant l’intervention des sapeurs-pompiers de la caserne de la Madeleine (le capitaine Rochat et un piquet de treize hommes), puis d’autres sapeurs du quartier Central. Dix-neuf d’entre eux se font ensevelir sous un second glissement de terrain une heure plus tard.

Les sapeurs-pompiers du quartier central ainsi que des soldats et des policiers participent toute la nuit au sauvetage des victimes. Les ouvriers et les habitants proches participent aux efforts de déblaiement ou aident les secouristes. C’est par exemple le cas de la célèbre cantinière Clotilde Bizolon qui prépare des repas chauds et de quoi boire durant les recherches.

En tout, 801 personnes sont évacuées. 16 maisons ont été endommagées, certaines coupées en deux ; et 12 ont été détruites, y compris l’hôtel du Petit Versailles (8 rue Tramassac) qui a été entièrement rasé. La zone éboulée correspond à 400 m de long sur 200 m de large.

L’événement a fait 39 victimes : 19 sapeurs ; 4 gardiens de la paix et 16 habitants.

Devant l’ampleur du sinistre, le jour même de la catastrophe, une commission nommée « Les Balmes » est créée par la municipalité. 

Elle est chargée de déterminer les causes du sinistre, de prendre des mesures de sécurité et de surveiller les constructions alentour. Aujourd’hui, cette commission existe toujours et est partie prenante, entre autres, de la gestion des accidents liés aux mouvements de terrain et des autorisations de permis de construire sur les collines Lyonnaises.

Cet événement, ainsi qu’un autre effondrement à Lyon (cours d’Herbouville, à la Croix Rousse) ont entraîné du côté des sapeurs-pompiers la création de la spécialité « sauvetage déblaiement ». Les sapeurs ont la mission d’intervenir dans les milieux dégradés et où les infrastructures sont défaillantes. Cela correspond aussi bien aux glissements de terrain, aux effondrements de structures, qu’aux désincarcérations lourdes (accident de train, poids lourds, etc.)

Aux suites de la catastrophe, la colline a été renforcée avec du béton armé. Certains bâtiments qui menaçaient de s’effondrer aux alentours de la rue Tramassac ont été détruits et des travaux de drainages ont été entrepris pour gérer les infiltrations importantes d’eau (ces eaux de drainage alimentent aujourd’hui la fontaine-cascade de la montée du Chemin-Neuf inaugurée en 1963.)

La montée n’est pas reconstruite, elle est désormais végétalisée.

Cet événement a extrémement touché la population lyonnaise. Les hommages de la Ville de Lyon et leurs obsèques ont été largement suivis ; et la Légion d’honneur a été attribuée au Corps des sapeurs-pompiers de Lyon le 23 décembre suivant. Pour honorer le courage du capitaine qui commandait le piquet disparu, la caserne de la Madeleine porte désormais le nom de Caserne Rochat.

Photographie : le cortège funéraire des victimes de la catastrophe, suivi par une grande partie de la population lyonnaise
Le cortège et les funérailles, largements suivies par la population lyonnaise

Crédits photo d ‘archives : Archives Municipales de la ville de Lyon
Schéma de la coupe géologique : d’après « Géologie de Lyon » de Noël MONGEREAU)
Plan des risques de glissement de terrain : site officiel de la ville de Lyon

Aller au contenu principal